ANTIBIOTHERAPIE


" Commençons par le commencement. Mettre un nom sur une maladie et prescrire un médicament ne signifie pas nécessairement ni que vous l'avez correctement comprise, ni que vous l'avez bien traité ! "

Dr R. HOROWITZ

L'antibiothérapie au stade précoce (stade 1)

 

Au stade précoce de la maladie de Lyme, les antibiotiques administrés sont généralement efficaces pour éliminer l'infection et permettre un rétablissement complet. Les antibiotiques couramment prescrits à ce stade comprennent :

  • La doxycycline ; 
  • L'amoxicilline ;
  • La céfuroxime.

 

Ce traitement antibiotique précoce est essentiel pour prévenir la propagation de l'infection et le développement de complications à long terme. Administrés dans les premières semaines qui suivent l'infection par la bactérie, ces antibiotiques sont généralement efficaces et permettent d'éliminer complètement les bactéries responsables de la maladie de Lyme.

Cependant, pour certains la réponse au traitement antibiotique n'est pas optimale, même lorsqu'il est administré précocement. Les raisons de cette inefficacité peuvent varier et peuvent inclure des facteurs tels que :

  • Des co-infections avec d'autres agents pathogènes ;
  • Une dose ou une durée de traitement inadéquate ;
  • Une résistance bactérienne ;
  • Un dysfonctionnement du système immunitaire ;
  • ... 

L'antibiothérapie à un stade avancé de la maladie (stades 2 et 3)

 

Le traitement antibiotique de la maladie de Lyme peut présenter des difficultés (*) en raison :

  • De la localisation des bactéries dans les tissus ;
  • De la forme prise par les bactéries ;
  • De la rapidité du traitement (28 jours maximum) ;
  • De co-infections associées à Borrelia ;
  • ...

 

L'utilisation prolongée d'antibiotiques peut avoir des effets néfastes sur la flore intestinale, ce qui peut notamment compromettre l'immunité. Il est donc important de trouver un équilibre entre le traitement antibiotique nécessaire et la préservation de la santé globale de l'organisme.

 

La réponse immunitaire de chaque individu joue un rôle important dans la façon dont la maladie de Lyme se développe et progresse. Certaines personnes peuvent être piquées par des tiques porteuses de la bactérie sans développer de symptômes de la maladie (porteurs sains), tandis que d'autres peuvent développer une maladie de Lyme chronique après une seule piqûre. Le système immunitaire intact joue un rôle crucial dans la lutte contre l'infection et dans la résolution de la maladie.

 

Il est donc important de maintenir un mode de vie sain et de renforcer son système immunitaire grâce à une alimentation équilibrée, à la gestion du stress, à l'exercice physique régulier et à des habitudes de sommeil adéquates. 

Antibiothérapie par voie intraveineuse ?

Dans certains cas plus avancés ou chroniques de la maladie, les médecins spécialisés peuvent recommander une antibiothérapie par voie intraveineuse à l'aide d'un Picc line. La mise en place d'un Picc line comprend plusieurs étapes :

  • Insertion du Picc line : Cette procédure est réalisée dans un environnement stérile. Le cathéter est inséré dans une veine périphérique, généralement au bras, puis avancé jusqu'à une veine centrale plus grande, comme la veine cave supérieure. L'échographie est utilisée lors de l'insertion pour assurer un positionnement correct ;

  • Confirmation radiologique : Après l'insertion, une radiographie est réalisée pour confirmer que le Picc line est correctement positionné ;

  • Fixation du Picc line : Le Picc line est fixé au niveau de la peau du bras à l'aide d'un dispositif de fixation spécifique pour éviter qu'il ne bouge accidentellement.

  • Essai de l'aspiration et de l'infusion : Avant de commencer le traitement antibiotique, le Picc line est testé pour s'assurer qu'il fonctionne correctement. Cela comprend l'aspiration d'un peu de sang pour vérifier la perméabilité de la ligne et l'administration d'une petite quantité de solution saline pour confirmer un écoulement adéquat.

  • Administration du traitement antibiotique : Une fois que le Picc line est en place et fonctionne correctement, le traitement antibiotique peut commencer. Il est administré à l'aide d'une pompe d'infusion pour garantir un débit précis sur la durée du traitement.

 

L'approche recommande l'utilisation d'au moins deux antibiotiques différents, chacun ayant un mode d'action spécifique. Cela peut inclure un antibiotique agissant à l'intérieur des cellules (intracellulaire), un antibiotique agissant sur la paroi cellulaire et un antibiotique ciblant les kystes de la bactérie. L'objectif est d'attaquer la bactérie Borrelia sous ses différentes formes et de maximiser l'efficacité du traitement.

 

Avantages de l'antibiothérapie intraveineuse :

  • Rapidité et efficacité accrue dans l'attaque des spirochètes (bactéries responsables de la maladie de Lyme) ;
  • Concentration plus élevée des antibiotiques directement dans le système sanguin, ce qui peut permettre d'atteindre les zones où les bactéries se sont propagées ;
  • Soulagement de l'intestin, bénéfique pour les personnes souffrant de troubles gastro-intestinaux liés aux antibiotiques oraux.

 

Inconvénients de l'antibiothérapie intraveineuse :

  • Réactions d'Herxheimer potentiellement plus intenses en raison de la rapidité à laquelle les spirochètes sont tuées ;
  • Risque de développer des calculs biliaires et/ou des caillots sanguins ;
  • Restriction de certaines activités telles que la natation ;
  • Nécessite un entretien rigoureux pour éviter les infections.

APPROCHE THERAPEUTIQUE FRANCAISE : 

APPROCHE THERAPEUTIQUE ALLEMANDE :

 

L'Allemagne est connue pour son approche plus intégrative et holistique dans le traitement de la maladie de Lyme, qui combine traitements conventionnels et approches complémentaires.

Dans le cadre du traitement de la maladie de Lyme, en Allemagne, certains médecins adoptent une approche basée sur les directives de l'ILADS, qui reconnaît l'existence de formes chroniques et complexes de la maladie de Lyme et recommande des traitements prolongés à base d'antibiotiques.

 

En plus des antibiotiques, d'autres approches thérapeutiques peuvent être utilisées en Allemagne, telles que :

  • La naturopathie ;
  • L'hyperthermie ;
  • L'oxygénothérapie ;
  • Une supplémentation en vitamines et micronutriments ;
  • La luminothérapie ;
  • La thérapie par champs magnétique ;
  • Des recommandations alimentaires adaptées au cas par cas ;
  • ...

ANTIBIOTIQUE : Conseil du Dr Marty ROSS

  • Combinez des antibiotiques pour traiter toutes les formes du germe. Borrelia existe sous forme de spirochète, kystique, sous forme de biofilms... Il est important de traiter les deux formes simultanément pour éliminer les germes de Lyme ;

 

  • Combinez des antibiotiques pour traiter les formes vivant à l'extérieur et à l'intérieur des cellules. La maladie de Lyme peut vivre à l'extérieur et à l'intérieur des cellules du corps, il est donc nécessaire de cibler les germes présents dans ces deux localisations. Certains antibiotiques agissent spécifiquement à l'intérieur des cellules ;

 

  • Combinez des antibiotiques ayant différents mécanismes d'action pour attaquer le germe de Lyme de différentes manières. Les différentes familles d'antibiotiques fonctionnent différemment. Par exemple, les pénicillines et les céphalosporines affaiblissent l'enveloppe externe du spirochète, tandis que les tétracyclines et les macrolides limitent sa capacité de croissance en bloquant la production de protéine ;

 

  • Ne pas utiliser plus de trois antibiotiques à la fois. Il est préférable de limiter le nombre d'antibiotiques utilisés pour réduire les risques de toxicité et d'interactions indésirables.

 

Pour aller plus loin : A Lyme Disease Antibiotic Guide - Marty Ross MD (treatlyme.net)

Il a été observé que la maladie de Lyme peut persister, même après un traitement antibiotique chez :

  • Les humains (**) ;
  • Les chiens (**) ;
  • Les souris (***) ;
  • Les singes (****).

"LE RETABLISSEMENT DE LA MALADIE CHRONIQUE NECESSITE PLUS QUE DES ANTIBIOTIQUES" Dr Marty ROSS. 

Persistance de la maladie malgré un traitement antibiotique

Une problématique significative se manifeste chez un pourcentage non négligeable des patients, chez qui les symptômes persistent pendant des mois voire des années malgré un traitement antibiotique, d'une durée variable. 

Il a été rapporté que pour 10 à 30 % des patients atteints de la maladie de Lyme et traités par un régime antibiotique, les symptômes persistent pendant des mois, voire des années après la fin du traitement. 

 

Une étude récente (*****) a exploré cette question en identifiant trois mécanismes potentiels.

  • Premièrement, l'inflammation auto-immune directe semble jouer un rôle majeur, où le système immunitaire continue d'attaquer les cellules de l'organisme même en l'absence de la bactérie.
  • Ensuite, l'inflammation auto-immune induite par la présence persistante de débris bactériens non éliminés, tels que le peptidoglycane, maintient une réponse immunitaire excessive.
  • Enfin, la persistance de l'infection elle-même est également suspectée, avec des études montrant que les bactéries peuvent survivre au traitement antibiotique, contribuant ainsi à la prolongation des symptômes chez certains patients.

Références :

(*) Aucott JN, Seifter A, Rebman AW. Probable late lyme disease: a variant manifestation of untreated Borrelia burgdorferi infection. BMC Infect Dis. 2012 Aug 1;12:173. doi: 10.1186/1471-2334-12-173. PMID: 22853630; PMCID: PMC3449205. : Lien 

(**) Marques A, Telford SR 3rd, Turk SP, Chung E, Williams C, Dardick K, Krause PJ, Brandeburg C, Crowder CD, Carolan HE, Eshoo MW, Shaw PA, Hu LT. Xenodiagnosis to detect Borrelia burgdorferi infection: a first-in-human study. Clin Infect Dis. 2014 Apr;58(7):937-45. doi: 10.1093/cid/cit939. Epub 2014 Feb 11. PMID: 24523212; PMCID: PMC3952603. : Lien

(***) Hodzic E, Feng S, Holden K, Freet KJ, Barthold SW. Persistence of Borrelia burgdorferi following antibiotic treatment in mice. Antimicrob Agents Chemother. 2008 May;52(5):1728-36. doi: 10.1128/AAC.01050-07. Epub 2008 Mar 3. PMID: 18316520; PMCID: PMC2346637. : Lien

(****) Embers ME, Barthold SW, Borda JT, Bowers L, Doyle L, Hodzic E, Jacobs MB, Hasenkampf NR, Martin DS, Narasimhan S, Phillippi-Falkenstein KM, Purcell JE, Ratterree MS, Philipp MT. Persistence of Borrelia burgdorferi in rhesus macaques following antibiotic treatment of disseminated infection. PLoS One. 2012;7(1):e29914. doi: 10.1371/journal.pone.0029914. Epub 2012 Jan 11. Erratum in: PLoS One. 2012;7(4):10.1371/annotation/4cafed66-fb84-4589-a001-131d9c50aea6. Erratum in: PLoS One. 2013;8(9). doi:10.1371/annotation/f84663e3-0a2c-4243-8f97-3a58133c1b0f. Erratum in: PLoS One. 2013 Sep 24;8(9):null. PMID: 22253822; PMCID: PMC3256191. : Lien

(*****) Heather ADKISON, Monica E. EMBERS - Lyme disease and the pursuit of clinical cure - sec. infectious diseases : pathohenesis and therapy - Volume 10 - 24 may 2023 : Lien

(1) Global Lyme Alliance - Jennifer CRYSTAL - Intravenous Antibiotics for Lyme : Pros, Cons, and Lived Experience - September 3, 2020 : Lien 

(2) Jennifer Crystal - Intravenous Antibiotics for Lyme: Pros, Cons, and the Lived Experience - September 3, 2020 : Lien

(3) Roger LENGLET, Chantal PERRIN - L'affaire de la maladie de Lyme, une enquête - ISBN : 978-2-330-09697-7 - 2018 : Lien 

(4) Johnson L, Shapiro M, Stricker RB, Vendrow J, Haddock J, Needell D. Antibiotic Treatment Response in Chronic Lyme Disease: Why Do Some Patients Improve While Others Do Not? Healthcare (Basel). 2020 Oct 3;8(4):383. doi: 10.3390/healthcare8040383. PMID: 33022914; PMCID: PMC7712932. : Lien